Comment gérer des lignes qui débordent ?#

Lorsque construit un paragraphe, il peut faire plusieurs tentatives pour obtenir un saut de ligne correct. À chaque tentative, il exécute le même algorithme mais lui donne des paramètres différents. Vous pouvez influencer le fonctionnement de la coupure de ligne de en ajustant ces paramètres : cette réponse traite des paramètres de « tolérance » et d’étirement. L’autre « paramètre » vital est l’ensemble des césures applicables : la question « Pourquoi la césure ne fonctionne pas ? » et toutes les questions liées développent ce point.

Si vous obtenez l’erreur « overfull box » (boîte qui déborde), a tout simplement abandonné ses tentatives : les paramètres que vous lui avez donnés ne lui permettent pas de produire un résultat sans débordement. Dans ce cas, Donald Knuth a décidé que la meilleure chose à faire était de produire un avertissement et de permettre à l’utilisateur de résoudre le problème (l’alternative, passer sous silence ce problème, aurait été désagréable pour tout typographe averti). En temps normal, l’utilisateur peut presque toujours résoudre le problème en reformulant son texte — mais ce n’est pas toujours possible. Cette réponse décrit donc les approches à adopter pour résoudre le problème, en supposant que la césure est correcte.

1.  Avec la commande \linebreak#

Le cas le plus simple est celui où un mot court ne parvient pas à être césuré à la fin d’une ligne. Déplacer le mot entier sur une nouvelle ligne ne fait souvent pas grande différence mais cela peut conduire à un résultat si mauvais que le refuse par défaut. Dans ce cas, on peut essayer d’introduire la commande \linebreak[n] à l’endroit où un passage à la ligne nous paraît souhaitable, n étant un entier compris entre 1 et 4 : plus le nombre est élevé, plus est incité à opérer le passage à la ligne, un valeur de 4 ne lui laissant pas le choix. il faut toutefois prendre garde à ce que cela ne produise pas des espacements trop larges dans la ligne que vous coupez.

Sinon, il faut ajuster les paramètres : pour ce faire, nous devons récapituler les détails des mécanismes de coupure de ligne de

2.  Avec les paramètres \pretolerance, \tolerance et \emergencystretch#

procède en trois étapes :

  • sa première tentative pour couper les lignes est effectuée sans même essayer de couper les mots : il considère que sa tolérance aux bizarreries de saut de ligne vaut la valeur interne \pretolerance et voit ce qui se passe ;

  • s’il ne parvient pas à obtenir une coupure acceptable, il ajoute les points de césure autorisés et essaie à nouveau en ayant pour tolérance la valeur interne \tolerance ;

  • si cette passe échoue également et que la valeur interne \emergencystretch est positive, il essaie une passe qui donne une extensibilité supplémentaire aux espaces de chaque ligne (\emergencystretch justement).

En principe, il existe donc trois paramètres (autres que la césure) que vous pouvez modifier : \pretolerance, \tolerance et \emergencystretch. Les deux premiers paramètres, traitant de la tolérance, sont de simples nombres et doivent être définies avec des primitives par exemple :

\pretolerance=150

Une tolérance « infinie » est représentée par la valeur 10000 mais elle est rarement appropriée car pouvant conduire à de très mauvais sauts de ligne.

Par ailleurs, \emergencystretch est un registre interne à contenant une dimension. Il peut être modifié avec \setlength, par exemple :

\setlength{\emergencystretch}{3em}

Modifier ces paramètres peut avoir des conséquences sur la durée du traitement : chacune des passes prend du temps. Aussi, en ajouter une (en changeant \emergencystretch) est moins intéressant que d’en supprimer une (en changeant \pretolerance). Cependant, il est rare de nos jours de trouver un ordinateur suffisamment lent pour que des passes supplémentaires soient vraiment gênantes.

2.1.  La modification de \pretolerance#

Dans la pratique, \pretolerance n’est guère utilisé que pour manipuler l’utilisation de la césure. Plain et lui donnent pour valeur 100. Pour supprimer le premier balayage des paragraphes, définissez \pretolerance sur -1.

2.2.  La modification de \tolerance#

Modifier \tolerance est souvent une bonne méthode pour ajuster l’espacement. Plain et lui attribuent la valeur 200. La commande \sloppy de lui donne la valeur de 9999, tout comme l’environnement sloppypar. Cette valeur est la plus grande disponible (hors infini) et peut autoriser des pauses assez médiocres.

Il est plus satisfaisant d’apporter de petits changements à \tolerance, de manière incrémentielle, puis de voir comment le changement affecte le résultat. De très petites augmentations peuvent souvent suffire. Rappelez-vous que \tolerance est un paramètre de paragraphe : vous devez donc vous assurer qu’il est réellement appliqué comme l’explique la question « Pourquoi mon paramètre de paragraphe est-il ignoré ? ». Dans la pratique, les utilisateurs de peuvent définir un environnement pouvant englobant plusieurs paragraphes pour y appliquer leur valeur de paramètre. Voici un exemple :

\newenvironment{tolerant}[1]{%
  \par\tolerance=#1\relax
}{%
  \par
}

2.3.  La modification de \emergencystretch#

Comme dit précédemment, la valeur de \emergencystretch est ajoutée à l’étirement supposé de chaque ligne d’un paragraphe, au cas où le paragraphe ne pourrait pas être considéré comme correct d’une autre manière. De fait, cette passe supplémentaire se produit si \emergencystretch est strictement supérieur à 0pt. Supposons qu’il soit défini comme valant 3em. Les polices Computer Modern contiennent généralement trois espaces dans un cadratin (un em), de sorte que l’indication donnée à autoriserait jusqu’à l’équivalent de neuf espaces supplémentaires dans chaque ligne. Dans une ligne avec beaucoup d’espaces, cela pourrait être raisonnable, mais avec dans une ligne contenant uniquement trois espaces, cela pourrait conduire à étirer chaque espace jusqu’à quatre fois sa largeur naturelle. Il est donc clair que \emergencystretch doit être traité avec une certaine prudence.

3.  Avec des réglages microtypographiques#

3.1.  Ceux de #

Les réglages microtypographiques proposées par sont plus subtiles (mais plus délicates à gérer). Dans la mesure où le moteur par défaut pour et fonctionne dans toutes les distributions, ces réglages sont accessibles à tous. Il existe deux extensions importantes :

  • le crénage marginal n’affecte que l’effet visuel de la page et n’a que peu d’effet sur la construction du paragraphe par

  • la déformation des caractères fonctionne comme une version plus subtile de l’astuce utilisée avec \emergencystretch : « sait » que votre police actuelle peut être étirée (ou rétrécie) dans une certaine mesure, et le fera à la volée pour optimiser le réglage d’un paragraphe. Il s’agit là d’une technique assez puissante.

3.2.  Ceux de l’extension microtype#

Les réglages microtypographiques sont souvent délicats à contrôler. Toutefois, l’extension microtype soulage l’utilisateur du travail fastidieux de spécification des ajustements de marge et des mises à l’échelle de chaque police. Ceci se limite cependant aux polices que l’extension connaît. De manière générale, cette extension reste un bon outil et les utilisateurs qui peuvent ajouter les spécification d’ajustements pour de nouvelles polices sont évidemment les bienvenus.